POLYAMOUR ET ATTACHEMENT

Les questions autour du polyamour sont fréquentes dans le milieu du tantra, et personne n'en a vraiment la même définition. Malgré tout, ce qui revient sur le devant de la scène, c'est cette ILLUSION DE LIBERTÉ associée à la possibilité d'exister avec plusieurs partenaires.

 

Mais si j'aime vraiment, pourquoi me sentirais-je enfermé-e dans ma relation de couple ? De quoi aurais-je peur ? De l'engagement ? De l'abandon ? Du rejet ? De la solitude ? Du manque ? Du vide ?

 

Puis-je nourrir ainsi un lien d'amour sacré ? Le nombre de partenaires augmente-t-il la qualité des liens et surtout du lien que j'entretiens avec moi-même ?

 

Est-ce que j'éprouve vraiment de l'amour ou bien est-ce que je me réfugie dans un désir-pulsion ?

 

Ne suis-je pas dans une autre forme de DÉPENDANCE AFFECTIVE à travers cette expérience ?

 

N'est-ce pas d'abord avec moi-même que je devrais me sentir libre, pour pouvoir ensuite vivre LIBRE ENSEMBLE ? Est-ce que je m'aime vraiment en me dispersant ainsi ?

 

Ne nous enfermons-nous pas dans la fuite systématique en étant dans le polyamour ? Et ne nous fuyons-nous pas nous-même au fond, au lieu de nous rencontrer vraiment ?

 

Cette question du polyamour me ramène aussi à une confusion fréquente : celle de l'ATTACHEMENT, accompagnée de cette injonction sous-jacente à devoir SE DÉTACHER. Mais se détacher de quoi, de qui, et au nom de quoi, de qui ?

 

Cela fait plusieurs mois que le sujet de l’attachement me trotte dans la tête. Il y a en réalité d'un côté son pendant lumineux, et de l'autre son "côté obscur", la dépendance affective.

 

L’ATTACHEMENT relève pour moi du SENTIMENT et non de l’émotion. Je le ressens et le vis comme un sentiment d’AMOUR profond, solide, bien ancré : un socle sécurisant qui me permet et permet à l’être aimé de se déployer en toute liberté, parce-que la confiance est là de manière évidente et naturelle. Dans cet attachement, mon corps et mon esprit sont libres et sereins, ils se réjouissent du bonheur de celui que j’aime, parce-que je n’ai pas peur et que mon regard est lucide à voir les événements tels qu’ils se produisent. Mon cœur s’épanouit et exhale sa puissance, reliée à la part la plus intime et la plus mystérieuse de celui qui m’est cher. Mon attachement devient présence subtile, cœur à cœur, et compréhension profonde, dans le respect de l’un et de l’autre, dans le respect de nos propres cadences intérieures, dans la CONSCIENCE de ce qui nous unit. Dans cet amour, il y a un engagement profond et sincère, qui ne se force pas et se choisit vraiment.

 

Je dissocie l’attachement de la DÉPENDANCE AFFECTIVE, et donc de mes BLESSURES. À cet endroit, il est question d’ÉMOTIONS, et non de sentiment. Par le passé, mes blessures (d’abandon notamment) m’ont ligotée à l’illusion de l’amour que je croyais vivre alors. Ces liens-là m’enferraient dans mes peurs. Non pas qu’elles n’existent plus aujourd’hui, mais elles ne m’engluent plus ni ne me retiennent dans mon déploiement…parce-que la conscience que je peux poser dessus me permet d’être lucide dans mes mécanismes et processus intérieurs, et parce-que j’ai appris à me connaître intimement, et à partir de là, à me respecter. Cela change tout, pour aimer vraiment.

 

En ce sens, je dirais que l’ATTACHEMENT relève de la DIMENSION SACRÉE des liens que je tisse avec la personne aimée. Aujourd’hui, je ne peux me soustraire à cette dimension dans une relation d’amour. Cela demande d’être exigent dans le couple, à travers la conscience que les deux partenaires y mettent, pour oser regarder en face ce que notre partenaire nous renvoie de nous-même, sans fuir. Savoir s’écouter, se comprendre, se respecter dans nos différences tout en vivant ensemble les espaces où nous nous rejoignons et où nous avons choisi d’évoluer main dans la main, pour grandir l’un auprès de l’autre. Rare ALCHIMIE, qui suppose de délaisser les illusions d’un idéal autrefois recherché, pour être juste là, présent à l’autre, tel qu’il est vraiment, et présente à moi-même, telle que je suis vraiment. Accueillir la PRÉSENCE à nos vulnérabilités pour nous élever vers plus grand, plus vaste, et ouvrir le cœur, au-delà des peurs, qu’il embrasse et enlace tendrement.

 

Glisser de la dépendance affective à un attachement sain, se résume alors pour moi à la TRANSFORMATION DE LA NATURE DE NOS LIENS. Mes émotions et mes blessures peuvent se manifester encore, mais ma manière de les accueillir et de les vivre a totalement changé. Le lien devient véritable amour.

 

L’AMOUR est le tout, enveloppant, caressant. L’amour est lumière, beauté mystérieuse qui éclaire qui je suis. Je me vois en toi, je te vois en moi. Nous nous rejoignons, profondément, solidement, et nous sommes libres ensemble au coeur de ce vaste espace où la dualité s'abolit.

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