
Pour éviter toute perte d’énergie, la philosophie taoïste suggère que la semence masculine reste à l'intérieur du corps, par un phénomène de rétrogradation, à l’image du mouvement rétrograde d’une roue à eau. Cela n’enlève rien au plaisir ni à l’intensité du vécu, c’est même au contraire un chemin lumineux d’exaltation vers l’instase, en tant qu’entrée profonde en soi et recueillement au plus intime de l’être, vers ce point de passage lucide et dévoilé entre les mondes, là où il n’y a plus d’âge. Pour mieux saisir et illustrer les enjeux de cette pratique alchimique de longévité, voici un extrait du Secret de la Fleur d’or, traité de sagesse taoïste écrit par Lu Tsou en des temps très anciens.
« Lorsqu’au moment où l’énergie véritable s’est rassemblée en abondance, le disciple ne la laisse pas s’en aller tout droit vers l’extérieur, mais lui imprime une direction rétrograde, c’est la lumière de vie ; on doit utiliser cette méthode de la rotation de la roue à eau. Si l’on continue à tourner, l’énergie véritable retourne goutte à goutte aux racines. Alors la roue à eau s’arrête, le corps est pur, l’énergie est fraîche.
[…]
C’est la sublimation de la semence en énergie. Si le disciple ne comprend pas ce principe et laisse l’énergie s’écouler directement vers l’extérieur, l’énergie se transforme en semence. […] Mais tout homme qui s’unit corporellement avec une femme éprouve d’abord du plaisir et ensuite de l’amertume ; lorsque la semence s’est écoulée, le corps est las et l’esprit abattu.
Il en est tout autrement quand l’adepte cause la réunion de l’esprit et de l’énergie. Cela procure d’abord de la pureté et ensuite de la fraîcheur ; quand la semence est transformée, le corps est bien portant et libre. [C’est] la méthode de sublimation de l’esprit et de l’énergie.
[…] Un vieil adepte a dit : « Autrefois chaque école connaissait ce joyau, seuls les insensés l’ignoraient totalement. » Si l’on réfléchit sur ce point, on se rend compte que les anciens obtenaient en réalité la longévité à l’aide de l’énergie séminale présente dans leur propre corps et qu’ils ne prolongeaient pas leurs jours en absorbant une pilule quelconque. Mais les gens du siècle ont perdu les racines et se tiennent au sommet.
[…] L’insensé gaspille le joyau suprême de son corps en jouissance incontrôlée et il ne sait pas conserver son énergie séminale. Quand alors elle est parvenue à son terme, le corps périt.
[…] La semence accumulée est transformée en énergie et quand l’énergie est suffisamment abondante elle crée le vigoureux corps créateur.
Quand l’élixir est achevé, l’esprit et l’énergie sont purs et clairs, le cœur est vide, la nature est manifeste et la conscience se transforme en lumière de nature […]. »
Le traité de la Fleur d’Or invite alors expressément à cultiver la vie grâce à une conscience ouverte, reliée, présente qui nous amène à nous unifier par le regard intérieur en saisissant que nous sommes le monde et la lumière universelle, plutôt qu’à demeurer objet extérieur illusoirement séparé du monde. C’est une intégration totale du macrocosme dans le corps humain, en buvant à la source inaltérable du cœur.
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